
Edgar Degas – Dans un café où L’absinthe – entre 1875 et 1876 –
huile sur toile – 92×68,5, Musée d’Orsay
I IMPRESSIONS GÉNÉRALES
Pas de description mais des ressentis, pour s’aider on peut commencer la phrase par « je me sens … » ou « L’ambiance est… »
- Triste, morose, c’est le même champ sémantique, les mots sont différents.
- Solitude, distance, ennui on est un peu dans la description mais il y a moyen de trouver des procédés techniques qui étayent cette impression.
- Apathique.
- Rêveuse, c’est un peu le même cas que pour ennui.
- Observateur, absolument, c’est le regard du photographe qui parle. On pourrait aller jusque voyeur ?…pas vraiment, il faudrait quelque chose en plus pour pouvoir dire cela, nous verrons cela dans la gestion de l’espace.
- Gênée.
Nous conservons tous ces mots là et, nous les utiliserons au moment de travailler sur les effets recherchés.
II PROCÉDÉS TECHNIQUES
1 LE PLAN
Pour rappel :
Règle 1- nous lisons les plans en partant de nous jusqu’au fond du tableau. En le numérotant de 1 le plus proche, puis 2 et ainsi de suite en allant jusqu’au fond du tableau.
Règle 2 – lorsque nous passons au second plan, la vitre imaginaire qui les sépare ne peut rien couper.
Propositions : 2 plans…, 1 plan…, 3 plans…, on commence toujours par le nombre le plus élevé.
3 plans : 1 jusque derrière la première table à gauche, 2 jusque derrière la banquette, 3 derrière la banquette… .
Degas a fait un truc absurde, pourquoi ce journal serait plié de cette façon et posé entre deux tables.
Pour nous obliger à voir un seul plan qui va jusqu’au dossier de la banquette et qui comprend les deux personnages.
Si on pratique le dessin, on aurait tendance à dire, automatiquement, qu’il y a deux plans selon la mise en place des tables.
Mais Degas vient poser un journal, là, ce qui nous empêche de séparer la table qui est au plus près de nous des deux autres.
Et, il y a un deuxième plan dans le miroir derrière les personnages. Chaque fois qu’il y a un miroir où une portion de l’espace existant se reflète, c’est une mise en abyme, qui consiste ici à représenter le reflet des deux personnages et l’espace qui est devant eux. Que l’on ne verrait pas sans le miroir. Ce procédé fait apparaître un plan dont il faut absolument parler.
2 LIGNES DE DIRECTION
C’est la ligne qui structure la composition. A ne pas confondre avec les lignes de perspectives.
Propositions : Les obliques…sont des lignes de perspectives dont nous parlerons plus loin.
Les verticales des personnages et des montants dans le miroir qui rythment l’espace.
3 FORMES GÉOMÉTRIQUES
Pour rappel le truc c’est de regarder intensément et puis sans plus jeter de coup d’œil faire un croquis rapide ou on place les formes qui ressortent.
Propositions :
Rectangle décentré pour contenir les personnages… non, pour les tables…non ce ne sont pas des rectangles. Ce sont des parallélogrammes qui sont en partie hors champ si l’on veut appréhender la totalité de la forme. C’est important de l’indiquer. Le dossier de la banquette est aussi une forme structurante et elle est proche du rectangle.
Les personnages sont pris dans des formes triangulaires. Différents pour chacun d’eux, Plus élevé et central pour elle et un triangle plus ramassé avec un hors champ pour celui de l’homme.
L’intérêt de ce procédé est de comprendre comment l’artiste a structuré sa composition.
4 LA COULEUR
Le cercle chromatique, le noir / le blanc.
Le cercle chromatique : il y a du jaune du brun de l’ocre qui est un jaune travaillé. Du carmin… où ? Dans la banquette, nous constatons encore une fois que nous ne percevons pas les couleurs de la même manière. C’est important de travailler au départ de vos perceptions. Et lors de l’examen, il est important de fournir la copie couleur au départ de laquelle vous aurez fait votre analyse. Un tout petit point de rouge sur la lèvre inférieure de la femme. Du bleu… Christian tu regardes sur internet … Alors c’est important quand on regarde un médium informatique, on est jamais dans la vraie réalité et j’ai choisi de vous montrer celle-ci parce qu’elle me semble plus proche de ce que j’ai vu récemment en vrai. Un vert kaki un peu bizarre dans le bas du pantalon de l’homme.
Toujours est-il que le cercle chromatique est restreint. Le noir et le blanc, il n’y a pas de blanc pur et pas de vrai noir non plus. Même si on pointe le bord du chapeau et certaines parties du costume, ce n’est pas vraiment noir.
Aspects techniques :
les contrastes/ les harmonies.
Caractéristiques techniques de la couleur : Degas travaille plutôt dans l’harmonie et dans le contraste qui sont associés au travail de la couleur. L’harmonie serait dans les jaunes, les ocres et dans les bruns qui sont assez proches mais variés. Et par le contraste entre ces jaunes et ces bruns comme entre le haut de la robe de la femme et la banquette. Ou entre le costume de l’homme et la table.
Les intensités.
L’intensité des couleurs : si on prend le jaune du vêtement de la femme on dirait peu de pigment donc intensité pâle, le jaune du cadre du miroir on dirait intensité moyenne sans être encore un jaune vif et le nœud, sur le devant de la robe, on dirait intensité faible. Dans une gamme fort travaillée des jaunes, il va choisir un jaune majeur moyen et il va surtout travailler dans les intensités basses. Pour les marrons, il va du moyen au saturé.
Les couleurs ne sont pas éclatantes… En effet, Il choisit de travailler l’intensité haute pour le brun qui est une couleur éteinte et donc ces couleurs intenses sont quand même éteintes mais de cela nous parlerons dans le procédé sur la lumière.
Ceci est encore l’illustration de l’objectif de ce cours d’histoire de l’art : vous montrer que vous pouvez en atelier, si vous faites de la peinture, ou de la tapisserie, ou tout autres procédés lorque vous travaillez la couleur, vous pouvez le faire avec deux champs colorés qui pour l’un est dans les intensités basse et l’autre dans les intensités hautes.
Aspects émotionnels :
Pour cerner l’émotion liées à une couleur, un exercice mental est nécessaire. Il faut sortir la couleur du tableau et la placer sur une feuille blanche. Nous sommes dans le champ émotionnel donc les ressentis divergent !
On ne fait pas toutes les couleurs, quelques-unes des plus marquantes suffisent pour dégager l’intention de l’artiste.
Prenons le jaune du cadre du miroir et isolons le sur une feuille blanche que provoque t’il comme émotions ?
- Joyeux, ennuyant, engourdi, heureux, chantant, ivre fait-on référence à ce qu’il y a dans le verre?
- Si on prend ce jaune plus intense du nœud de son jabot l’émotion qui ressort c’est ? joie, gaieté , douceur, dynamique, vitaminé, rassasiant.
- Le vert olive ici au bas du pantalon nous donne une impression ? Déprimante, nostalgique, apaisante, triste….
Or, richesse c’est du symbolique… on en veut pas. Chaleur… on a dit qu’on bannissait chaud et froid.
Il est important de prendre note de tous les mots qui surgissent. Ils nous ouvrent l’esprit et le regard sur d’autres perceptions que la nôtre.
L’exercice n’est pas d’être exausti.f.ve. mais c’est d’aller un peu partout chercher des couleurs et de constater qu’elles donnent des impressions différentes.
5 LA LUMIÈRE
Possible / Impossible /Sa source
La situation de lumière est possible où est-ce une invention de l’artiste ?
Cette situation de lumière est possible.
Aspects techniques :
C’est une lumière naturelle qui vient de la droite.
On le constate dans le miroir, les visages qui sont bien éclairés à droite. Le champ des tables est également éclairé. Un petit reflet sur la droite de la bouteille et du verre. Les ombres sur le dossier de la banquette. Et dans le miroir on voit, sans doute, des fenêtres garnies de rideaux qui se trouvent hors champs beaucoup plus loin.
La lumière qui vient originellement des fenêtres, percute les personnages, va percuter le miroir et donc se refléter et c’est pour cela qu’on voit un reflet.
La lumière est blanche. Ne nous laissons pas abuser par les jaunes. Et on pourrait dire qu’il y a une transition progressive de la lumière de la droite à la gauche du tableau.
Aspects émotionnels :
Si j’avais ce type de lumière dans ma pièce de vie, l’ambiance est ?
A l’aise, joyeuse,
nostalgique, anxieuse…
6 LA PERSPECTIVE
La perspective est le procédé qui travaille sur l’illusion. Elle nous fait croire que sur le plan vertical du tableau il peut y avoir une profondeur. Les différentes perspectives que nous utiliserons dans ce cours sont :
- La perspective chromatique liée à la couleur qui selon des zones différentes font avancer le regard dans le tableau.
- L’aérienne liée à la lumière, qui par une qualité différente conduit également le regard vers le fond de la composition.
- La linéaire liée aux lignes allant vers un point de fuite et qui nous vient de la Renaissance. Mais qui est parfois suggérée par le rétrécissement des éléments chez les peintres flamands dits « primitifs ».
- La rabattue qui donne l’illusion que les éléments vont tomber.
- Le sfumato qui est lié au flou et qui doit être redéfini par le groupe de travail « lexique ».
Perspective linéaire : la table à l’avant du premier plan qui aurait un point de fuite au loin en haut à gauche et hors cadre. A droite, les lignes des tables un point de fuite qui va au loin hors cadre.
Perspective chromatique : une perspective va normalement de nous jusqu’au fond. Mais, parfois des artistes utilisent la perspective pour nous emmener à gauche ou à droite. C’est le cas ici. Il y a un champ coloré jaune au niveau du bas de la robe de la femme. Et un champ coloré plus dans les marrons gris au niveau du pantalon de l’homme. Qui nous permettent de conscientiser l’espace de gauche à droite plutôt que l’espace en profondeur. Ces champs chromatiques différents s’alignent sur la perspective linéaire des tables. Et sur le champ des tables on a un blanc gris à droite et un jaune éteint à l’avant gauche. Et, sur le mur du fond à gauche, on retrouve un peu la même couleur qu’au sol.
Et donc si on conscientise ces différences de couleurs on conscientise la lumière et il y a donc une perspective aérienne. Elle nous conduit à prendre conscience de l’existence, de la complexité de cet espace. La lumière sur la table à l’avant-plan est différente de celle devant les personnages. On est conscient.e.s que la lumière des fenêtres les éclairent, eux, mais n’éclaire pas de la même manière la table à l’avant plan. Et, le champ de lumière qui se reflète dans le miroir est même un peu plus intense. Il y a trois zones de lumières différentes, sur la table à l’avant-plan elle est faible, devant les personnages moyenne et dans la droite du miroir plus forte mais tamisée par les rideaux. C’est subtil. Il y a des ombres dans le miroir mais elles ne nous aident pas à la prise de conscience de ces jeux de lumière. Elles nous aident à comprendre que c’est un miroir.
Perspective rabattue, la table à l’avant plan est une contre plongée et donne cette impression que les objets qui sont dessus vont tomber.
7 LA FACTURE PICTURALE
Si je passe la main sur le tableau, c’est :
Granuleux. Ondulé … c’est trop souple. Strié c’est trop géométrique. Il y a débat sur le terme granuleux.
Si on regarde La grande odalisque d’ Ingres, la facture picturale est lisse.
Alors qu’ici il y a de la matière on la sent. Si le terme granuleux ne nous convient pas, il faudra à tout le moins dire qu’il y a du relief.
Et trouver la formule qui vous convient. Rugueux, ce terme est intéressant il est plus neutre que granuleux qui évoque des petits grains.
Qualité de la matière :
On est dans une consistance yaourt détendu. Mais dans les froufrous du chapeau de la femme la matière est plus crémeuse alors que dans le visage elle est presque lisse.
La touche est :
Avec cette texture, la touche est maîtrisée, floue, imprécise, il y a de la subtilité malgré l’imprécision, un aspect non fini, flou et c’est maîtrisé puisqu’on comprend tout le sujet. Et imaginez le nombres de couleurs qu’il y a sur sa joue.
Geste de l’artiste :
Le geste est souple, maîtrisé, énergique.
Humeur :
concentré avec une certaine nonchalance à certains endroits.
III LES EFFETS RECHERCHES
LE PLAN
- Intriguée par les deux plans ( dont celui du miroir) qui me donnent l’impression de voir une image recto verso… rien que cela c’est déjà très bien mais Anne-Laure rajoute une subtilité qu’atteignent ceux qui ont plusieurs années d’analyse esthétique. L’impression de voir une image recto verso c’est intriguant. Cela fonctionne puisque cela rejoint l’impression générale et c’est ce qui est attendu. Si on s’arrête à cela, c’est un effet recherché qui travaille sur l’aspect technique. Mais on peut affiner l’effet recherché.…et peut-être me permettre de voir au-delà de leur vie. Anne-Laure fait le lien avec ce que l’on voit dans le tableau en terme de sujet. Et donc c’est aller un cran plus loin.Idéalement, c’est l’objectif à atteindre. Avoir conscience de la complexité d’ordre technique c’est déjà magique, mais en plus faire le lien avec le sujet de l’œuvre va nous faire approcher la compréhension du message que nous tenterons d’élucider après avoir pris connaissance du contexte culturel.
LA, LES LIGNES
- Rassurée par ces verticales qui me servent de repaires
LA, LES FORMES GEOMETRIQUES
- Apathie par la forme triangulaire des personnages qui les cloue ou les fige à la banquette.
LES COULEURS
- Triste par les couleurs marron saturées ou par le cercle restreint des couleurs qui ne me donne pas envie de me joindre à ces personnes.
Et donc comme je n’ai pas envie de rejoindre ces personnes cela me rend triste.
LA LUMIERE
- Anxieuse par la lumière blanche qui me donne l’impression d’être à l’hôpital.
LA PERSPECTIVE
- Seule par la perspective linéaire hors champ qui m’éloigne des personnagesSeule = impression générale
par la perspective = procédé technique
linéaire hors champ = description du procédé technique
qui m’éloigne des personnages = la perspective agit pour donner la sensation de solitudeAnne-Laure a travaillé sur l’impression de l’observateur. - Gêné, perturbé par la perspective chromatique différenciée qui me balance de gauche à droite me donnant une sensation d’ivresse.
Et on pourrait revenir au début de la phrase, ce qui me gêne et me perturbe
LA FACTURE PICTURALE
- Ennui par la touche imprécise et nonchalante qui m’oblige à réajuster constamment mon regard.
IV LE CONTEXTE CULTUREL
Le contexte historique, sociologique, économique :
On introduira dans ce paragraphe les informations à propos du contexte de création.
Le courant. Dans la littérature Degas est toujours associé aux impressionnistes. L’impressionnisme, est un courant pictural qui émerge en France en 1860 et dure jusqu’en 1890. Les artistes qui s’en revendiquent, ou qu’on y associe malgré eux, vont révolutionner le monde de la peinture. Ils rejettent les règles académiques. Ils vont peindre selon leurs points de vue et leurs perceptions en capturant des instants de la vie quotidienne. En saisissant des moments éphémères et en peignant le plus souvent dehors pour capturer la lumière changeante et la modification des couleurs. L’invention du tube de peinture va leur faciliter la tâche puisqu’ils vont pouvoir aller peindre à l’extérieur et les fabricants de matériel pour les peintres vont très vite proposer des chevalets portatifs et toutes sortes d’innovations pour leur simplifier la vie.
C’est un journaliste nommé Louis Leroy qui sera l’inventeur du mot impressionnisme. En 1874, lors d’une exposition indépendante de plusieurs peintres il va écrire un commentaire railleur dans le journal Charivari. Face à la toile de Manet « Impressions soleil levant » il dira : « je me disais aussi puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l’impression là-dedans ». Et pourquoi se moque t’il ? Parce qu’à cette époque on a l’habitude de voir des toiles achevées, abouties. Les œuvres de l’époque sont définies tant dans leurs sujets, leurs représentations. Et donc, voir des traces de pinceaux, les cadrages empruntés à la photographie, des palettes de couleurs novatrices toutes choses qui ne correspondent pas à la reproduction fidèle de la réalité ne seront pas du tout appréciées et ce courant impressionniste sera rejeté dans un premier temps.
Pourquoi associe t’on Degas aux impressionnistes ?
Parce qu’on est dans l’instantané, le cadrage, la touche qui donne un effet de flou, le sujet populaire.
Mais Degas n’est pas un impressionniste. Même s’il travaille sur l’instantanéité d’une scène, son propos n’est pas le travail de la lumière et de la couleur, de la facture picturale qui permettent de donner une émotion d’un instant. Il est encore fort axé sur le sujet. De manière simpliste on le classe avec les impressionnistes, Degas l’est peut-être par les éléments que nous avons relevés mais à la base son objectif n’est pas celui d’un impressionniste.
L’absinthe est déjà connue en Égypte ancienne mais c’est au 18ème siècle, qu’elle apparaît comme liqueur apéritive. Elle titre à 72 degrés, faite à base de plantes distillées, parfumée à l’anis ou à la menthe, elle contient du méthanol qui est un alcool neurotoxique. C’est d’abord une boisson bourgeoise et chère. Mais son succès va developper sa production et très vite elle sera moins chère qu’un verre de vin. Sa consommation devient un problème de santé publique, à cause de faits de folie et d’addiction profonde chez les consommateurs, Van Gogh et Toulouse-Lautrec en étaient de gros consommateurs. Elle sera à la source de la création de la ligue antialcoolique et de la recherche en prévention des addictions. Elle sera interdite en 1915.
L’artiste
On introduira dans ce paragraphe les informations à propos de l’artiste nécessaires pour mieux comprendre l’œuvre. Il s’agit d’être concis.e, et de ne pas se perdre dans trop de matière.
Né à Paris, Edgar Degas est fils d’une famille de banquier, il fait des études de droit qu’il ne terminera pas. A 21 ans, il entre à l’Académie des Beaux Art de Paris mais il n’y reste pas. Il part en Italie pendant trois ans où il sera au contact des œuvres des grands maîtres italiens qu’il apprécie beaucoup. Il prend du temps pour les copier, il s’en inspire pour des dessins et des peintures. De retour à Paris, il va peindre des scènes historiques et des scènes de champs de courses.
Il met en place des cadrages novateurs influencé par la photographie qui apparaît au alentour de 1830 et qui propose très vite des images prises sur le vif.

Répétition d’un ballet sur la scène – 1874 – 65×81,5 – huile sur toile
La classe de danse – 1873/1876 – 855×75 – huile sur toile
Son lieu préféré est l’Opera et il est connu pour ses œuvres avec les danseuses pour sujet
A vingt-huit ans il va rencontrer Manet qui le mettra en contact avec les impressionnistes. Il se détourne alors des sujets historiques pour peindre la vie mondaine de Paris.
Toujours avec des cadrages spécifiques, parfois étonnants et nous comprenons mieux pourquoi il a abandonné les Beaux Art où ce type de travail n’aurait pas été accepté, en tout cas à cette époque.
Il prendra aussi les petites gens pour modèle et va se mettre au pastel qu’il maîtrisera et appréciera totalement. Nous constatons encore la spécificité des points de vue. Il se passionne aussi pour la photographie. Il sera influencé par l’instantanéité de ce nouveau médium et nombre de ses cadrages s’en inspirent comme s’il volait un moment particulier aux individus.

Les café-concert des Ambassadeurs 1876/1877 – 37×27 – Pastels
L’orchestre de l’Opera vers 1876 56,6×46 – Huile sur toile
Perdant progressivement la vue il va se lancer dans la sculpture mais, n’en fera pas énormément.
Celle-ci aura un grand retentissement. Faite en cire et habillée d’un vrai tutu, elle avait aussi de vrai cheveux. Elle sera oubliée pendant plus de 30 ans et fondue en bronze entre 1921 et 1931 en plusieurs exemplaires pour différents musées.
L’œuvre
On introduira dans ce paragraphe les informations à propos de l’œuvre proprement dite.
Il va faire des croquis dont il va se servir pour peindre dans son atelier, il ne peint pas en extérieur au contraire des impressionnistes. Il fait ces croquis dans un café qui s’appelle La nouvelle Athènes, place Pigalle où il fait poser deux de ses amis, Hélène André actrice et le graveur Marcellin Desboutin. On dira de cette peinture qu’elle reflète la vie des cafés parisiens et qu’elle évoque des sujet comme ceux décrits dans « L’assommoir » de Zola publié en feuilleton en 1876. L’écrivain reconnaîtra s’être inspiré des tableaux de Degas pour construire son récit.
Cette toile sera exposée pour la première fois à Londres où elle fera scandale. En 1878, on ne peint pas comme ça. Même si les scènes de cafés, taverne existent dans la peinture Hollandaise depuis le 17ème siècle. Ce n’est pas tant le sujet qui est embêtant mais son traitement qui pose problème.
Cette peinture qui paraît non finie, grossière, un cadrage inusité. A cette époque, s’il y a des personnages il doivent être centrés. C’est donc bien le regard dur que Degas pose sur cette réalité des gens qui boivent de l’alcool qui est problématique.
La composition, on l’a compris, a un cadrage décentré avec un aspect de contre plongée dù à l’influence de la photographie. Mais cette manière de faire est aussi influencée par le Japonismes qui provient des estampes japonaises qui arrivent en grande masse en occident. Elles ont des propositions de composition très novatrices pour les occidentaux puisque les japonais ne connaissent pas la perspective linéaire.
On voit bien qu’il n’y a pas de perspective linéaire or nous nommes d’accord pour dire qu’il y a de la perspective. Cela va très fort intéresser les artistes occidentaux qui y voient une nouvelle proposition de composition de l’espace.
Construction de la composition par le nombre d’or ? Rien n’y fait allusion dans la littérature que Carine à consulté. Degas à utilisé les procédés techniques que nous avons analysés pour nous inclure dans cette œuvre. Et nous sommes dedans, il y a l’absinthe mais que sa place soit due au nombre d’or je ne le pense pas même si Degas devait être parfaitement au courant de celui-ci.
Christian pense que le nombre d’or est une supposition intéressante du fait qu’à droite la composition se termine par une ligne noire qui empêche de sortir et que tout le jaune ramène au verre d’absinthe.
Invitation est faite à qui veut chercher de l’info et venir la partager avec le groupe.
On sait qu’il a fait plusieurs dessin de cette composition, elle a été réfléchie et construite, il a fourni un travail important d’esquisses et de composition pour aboutir à cette proposition. Toutes les critiques parlant d’un tableau inachevé, pas abouti, pas réfléchi sont fausses.
La vivacité de la touche, cette transparence, la spontanéité, la vivacité sont le résultat d’une grande maîtrise qui à l’époque n’a pas été comprise. Ce travail de Degas annonce ce qui va faire 50 ans plus tard.
V LE MESSAGE
Le sujet :
Une description succincte :
Une scène de café, une femme assise devant un verre d’absinthe, on le sait puisque c’est le titre de l’œuvre. A côté d’elle un homme qui a également un verre d’alcool à sa portée. Il et elle ont le regard vague.
La couleur anis du verre de la femme fait référence à l’absinthe, en tout cas à l’époque cela semblait évident.
Les procédés techniques importants :
En 2D il y en a 7.
Le champ chromatique restreint et éteint.
Les perspectives qui vont générer une composition spécifique qui mettent les personnages dans une position qui sort de la conception académique de l’époque du fait de l’apparition de la photo.
La lumière qui ébloui et qui amplifie la présence de ces personnages.
Les plans : le premier plan qui est important et qui a comme effet d’inclure les spectateurs de l’œuvre dans la scène. Nous sommes observateurs, pas voyeur car dans ce cas il aurait fallu quelque chose qui nous écarte de la scène.
Les éléments de contexte culturel importants:
La photographie pour le cadrage,
Le sujet populaire, la vie dans les cafés, la réalité sociale de l’alcoolisme décrit dans L’assommoir de Zola
LE MESSAGE
Assembler les éléments retenus et en faire un texte.
La solitude dans laquelle l’alcool embrume les personnes qui bien qu’assis côte à côte semblent seul.e.s et que l’observateur est seul aussi dans l’incapacité de les rejoindre.
C’est la solitude de la condition humaine amplifiée par l’alcool.
Le traitement du sujet est-il universel ? Oui
Est-il intemporel ? Oui
C’est bien pour cela que l’on va considérer ce tableau comme une œuvre majeure.
A savoir que les deux amis de Degas n’étaient absolument pas alcooliques. On est vraiment dans un travail de pose, dans la volonté de l’artiste de vouloir travailler ce sujet.
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