Roy LICHTENSTEIN 1923-1997
Son style est inspiré de la bande dessinée et plus exactement des Comics, terme que l’on utilise mondialement et qui désigne la bande dessinée américaine dont les premières publications étaient humoristiques. C’est la littérature la plus populaire que l’on puisse trouver au Etats-Unis. C’est dans ce qui est le plus populaire, le plus trivial que les artistes Pop Art vont puiser leurs sujets d’inspiration et cela rencontre le public puisque le spectateur s’y retrouve. C’est une forme d’art qui parle au citoyen lambda. Son principe : il choisit une vignette. Le format d’un Comics est de 17x26cm et une page contenait 5 ou 6 cases. Une vignette est donc petite et Liechtenstein porte la taille de cette vignette à une taille superlative.
Whaam est l’œuvre la plus connue de Roy Lichtentstein.
Elle est issue d’un Comics, All Américain Men of War dessinée par un ou plusieurs dessinateurs où il est question de patriotisme, sentiment largement rependu chez ses compatriotes. Une planche retient particulièrement son attention et dans cette planche une vignette. Cette vignette devait mesurer autour de 5cm de haut et maximum 15 cm de large. Son tableau mesure 140x400cm.
L’objectif de cette démesure est de mettre en valeur des éléments de la culture américaine, qui peuvent sembler insignifiants à des non américains, mais pour eux cela fait partie de leur culture et cela leur importe. C’est également très codifié, il reprend la vignette telle qu’elle est: dans son style graphique, dans les couleurs utilisées, dans la mise en valeur des éléments par le cerne noir.
Ce qu’il va faire, c’est reconstituer les trames d’impression que l’on peut percevoir si l’on regarde une impression avec un compte fil.
La peinture utilisée est une sorte d’acrylique nommé Magna dont la texture est très lisse. Elle s’efface très facilement avec de l’essence de térébenthine et permet des corrections. Il exécute ses toiles en reprenant les procédés de l’impression: des aplats et des parties tramées qu’il fait en passant un pinceau sur des grilles prédécoupées, les cernes noirs viennent délimiter certaines surfaces. Lorsqu’on est proche du tableau on voit ces effets de trame et dès qu’on s’éloigne ils disparaissent au profit d’une surface colorée.
Il est le seul à faire ce type de sujets. Il a fait quelques 3D colorées sur lesquelles il met en valeur sa technique de points.
« je pense que mon travail est différent de la bande dessinée, mais je n’appellerais pas cela une « transformation »; quoiqu’il signifie, je ne pense pas que ce soit important pour l’art. »
D’autres artistes reprendront cette technique de points :
James ROSENQUIST 1933 – 2017
Peintre américain.
Il travail sur de très grands formats.
Le sujet traité :
Le président J F Kennedy sous son meilleur aspect, une main de femme tenant un morceau de gâteau et un morceau de voiture que l’on reconnaît par la carrosserie et le pneu.
Au centre le gâteau est traité en noir et blanc pour provoquer un contraste avec les parties colorées qui tout en étant équilibrées sont bien présentes. C’est d’autant plus nécessaire que les éléments sont superposés en un seul plan. Le motif du gâteau se fond dans le visage de Kennedy. Il n’y a pas d’espace au sens classique du terme c’est-à-dire différents plans que l’on peut séparer. Rosenquist travail ce procédé par l’envahissement la surface de la toile et suggère de l’espace en haut par le morceau manquant de la tête de Kennedy. A droite, nous pouvons envisager la suite de la carrosserie de la voiture et de manière un peu moins efficace en bas la cravate même si c’est moins convaincant.
Cette œuvre fait penser à un collage, qui est la base du travail, mais c’est bien de la peinture à l’huile avec un effet de fondu pour la partie du menton et du gâteau. Elle est exécutée sur trois panneaux pour atteindre la dimension désirée par l’artiste qui doit bien faire avec les supports proposés par le marché.
Question : Peut-on parler de perspective rabattue?
Non, pour parler de perspective il faudrait avoir un sentiment de profondeur ce qui n’est pas le cas ici où les éléments sont superposés. Et pour la perspective rabattue il faudrait avoir le sentiment de chute des éléments vers nous ce qui n’est pas le cas non plus.
Le sujet : Au dessus, il y a l’avant d’une voiture Ford. Au milieu, un profil de femme et une oreille d’homme qui représente sans doute l’étreinte d’un couple suggérée par le titre de l’œuvre. Et en bas, une représentation d’un plat de pâtes à la sauce tomate qui est sans doute sorti d’une boîte de conserve.
Il construit son espace en bandeau comme chez les égyptiens et les assyriens qui ne connaissant pas encore la perspective et géraient l’espace par l’empilement de bandes qui se succèdent. Ce procédé qui à l’instar de la bande dessinée raconte des histoires dans chacune d’elles en suivant un déroulé du haut vers le bas. Il fait donc appel à des procédés anciens de construction de l’espace mélangés à des procédés contemporains de la BD ou des Comics et en fait un nouveau procédé.
Nous sommes dans la représentation de cette société américaine ou dans les années ´60 c’est le règne de la nourriture en boîte, des grosses voitures possédées par un grand nombre de ménages américains et entre les deux cette représentation du couple que l’on peut voir dans les films romantiques. C’est en fait un stéréotype, un cliché de la société américaine. A l’époque ce sont des éléments importants et valorisés, reconnus voire désirés par les américains.
Il n’y a pas de profondeur, c’est frontal sur chacune des parties. Ce sont des gros plans et ils sont agrandis de bandeau en bandeau. On ne peu même manquer de constater que le gros plan est volontairement grossissant en passant de la voiture dont on voit la calandre, le plan se resserre pour les personnages et on a un effet loupe sur les pâtes.
La couleur est : niveaux de gris pour les deux premiers bandeaux et change pour les pâtes afin de les mettre en évidence de la même manière que Liechtenstein a peint son gâteau en grisaille pour le détacher du reste coloré de son œuvre.
Par une réflexion assez fine du procédé technique couleur versus grisaille il vient provoquer le contraste et aide à repérer le sujet.
Rosenquist dans les années’80
Il a conservé le grand format et les associations d’éléments mais en terme de gestion d’espace il nous perd dans la profondeur suggérée par le cosmos. Le propos ici n’est pas d’analyser l’œuvre mais de constater qu’il a conservé des éléments issus des procédés qui l’ont fait connaître à la période Pop Art pour composer et que l’histoire de l’Art ne retient pas nécessairement.
Tom WESSELMANN 1931 – 2004
(HA) Le concept de nature morte a eu son apogée au 17 ème siècle. Ce sont des œuvres très révélatrices de l’aspect sociétal d’une époque. Au travers d’une nature morte on va illustrer les habitus des commanditaires. Les artistes vont représenter des tables de chasse, qui évoquent les grandes forêts et le gibier qu’elles contiennent. Ces tables seront garnies de la plus belle vaisselle et les plus beaux verres et éventuellement et éventuellement de porcelaines chinoises et dans les plats, les plus beaux pâtés, … Les artistes sont coincés dans ces représentations par les attentes de leurs commanditaires et par la richesse que ceux-ci souhaitent voir apparaître sur la toile. Pour dépasser cette mise en évidence de l’opulence, de la richesse pour la richesse les artistes vont intégrer des insectes à différents états de maturité et même mort. On verra que la belle vaisselle peut être ébréchée, … ces éléments ayant pour but de montrer, rappeler que le cycle de la vie fait de haut et de bas et surtout qu’il a une fin.
Wesselmann quant à lui représente les objets concepts de la culture américaine des années ´60. Comme le maïs qui est sans doute un moulage, puisqu’il est en relief, avec son morceau de beurre fondant, la banane, une boîte de conserve d’asperges de la marque Del Monte, une vinaigrette italienne, les cigarettes qui sont des reproductions de publicités le tout est « posé » sur une « table ». A l’arrière une espèce de paysage de vacances de rêve, Hawaï, Copacabana,… est encadré d’un aplat blanc qui pourrait être un store la ficelle et l’anneau en témoignent, limité à droite par un rideau rouge et blanc. Le tout surmonté de vraies cantonnières drapées. C’est ce vieux truc, qui remonte à la Renaissance où on vous montre un espace extérieur dans le cadre d’une fenêtre.
Question : du coup y a-t-il deux plans ? (AE)
Si on considère que c’est un vrai espace extérieur, oui, on dira alors qu’il y a un espace intérieur et un espace extérieur donc deux plans. Si on trouve que c’est factice, on considère que il n’y a qu’un plan. C’est une prise de position à décider et à justifier.
Revenons à la « table ». Si on regarde en terme d’espace, qu’est-ce que Wesselmann devrait mettre en place pour nous faire comprendre que c’est une table?
Nous devrions en voir la tranche et une légère perspective rabattue. Au lieu de cela il nous propose une forme ronde que l’on peut accepter comme une assiette qui est forcément posée sur une table symbolisée par l’aplat rouge qui semble vertical on ne voit aucune notion de perspective. Encore une fois ce qui intéresse Wesselmann à ce moment là ce n’est pas de respecter des codes de composition des natures mortes du 17ème, mais bien de montrer des produits de consommation de la culture de masse qui s’adresse à l’américain moyen. Il illustre la fortune, la grandeur, la position sociale de ceux-ci comme le faisaient les artistes du 17ème vis-à-vis de leurs commanditaires.
Quelle est la référence américaine?
Le drapeau symbolisé par les étoiles, le Coca-Cola, …
Le grand nu serait, l’aplat rose dont les courbes suggèrent un corps féminin couché sur le dos, la seule partie évidente est la bouche.
Et voit surtout, Les étoiles, on voit le coca, de l’eau de Seltz, un plat de tomates,… et une ouverture sur un petit paysage.
En terme d’espace nous constatons, à nouveau, qu’il n’y a pas de profondeur, tout est plat, vertical. Les objets sont superposés, plats, verticaux. Ce procédé déjà mis en place par les assyriens conduit automatiquement notre cerveau à reconstruire la profondeur et l’espace entre les éléments. Là, le paysage est un peu travaillé par de la perspective chromatique et aérienne et on pourrait évoquer un espace intérieur et un espace extérieur. Et une petite partie de plancher où il introduit quelques lignes de perspectives linéaire.
On voit que Wesselmann est en recherche.
Il y a quelque chose de nouveau, on dirait que c’est de la photo du fait du noir et blanc. Mais la nouveauté c’est que Wesselmann utilise de vrais objets pour composer son œuvre. Le ventilateur d’air conditionné, l’horloge, des néons, la bouteille de Seven up et la tablette sur laquelle sont posé ces éléments sont réels. On peut douter du rideau qui semble peint comme le mur et le paysage extérieur. On retrouve la notion d’espace intérieur, d’espace extérieur qui nous montre une ville la nuit. Et il accentue l’ancrage dans la réalité en utilisant des objets réels. On peut ici faire référence à Picasso et au tableau La chaise cannée.
Il y a des objets réels comme la serviette et la barre sur laquelle elle est posée. La porte est également vraie tout comme le panier à linge. De même pour la barre et le rideau de douche ainsi que la carpette. Tout le reste est peint. On est dans un entre deux : avec une partie peinte en trompe l’œil mais qui est verticale, plate, en 2D, et des éléments réels qui avancent vers le spectateur et ont une emprise sur la 3D. Si on voit l’œuvre de loin on aura une impression de 2 dimensions. Et l’œuvre vient vers nous au fur et à mesure que l’on s’approche.
C’est un espace intime qui est donné à voir, une femme qu’on reconnaît pour telle par le triangle de poils pubiens, les tétons et de longs cheveux. Par contre ce qui n’apparaît pas c’est le visage. Il déshumanise l’humain pour mettre en lumière le règne des objets qui sont omniprésents au point d’effacer l’humain. C’est un vrai message Pop Art.
Chez Andy Warhol qui est le plus connu des artistes de ce courant il y a aussi cette déshumanisation. Mais, c’est tellement lié à ces sujets de stars qu’on en oublie un peu que le Pop Art peut avoir des sujets aussi puissant et aussi forts.
Claes OLDENBURG 1929 –
Un objet des plus commun et de surcroît utilisé. Nouveauté : le gigantisme…
Un hamburger d’un mètre cinquante de diamètre. C’est de la toile bourrée de kapok. Nous sommes confrontés aux divers éléments qui composent un hamburger viande, cornichon, …
ici aussi il agrandi les objets. Il utilise de la fourrure, les couleurs ne sont pas avenantes. On aurait facile aujourd’hui de parler de mal bouffe mais, ce n’est pas l’objectif d’Oldenburg. A l’époque, il cherche plutôt à générer des effets de répulsion.
Il remet aussi en question le procédé de présentation de la sculpture en posant ces 3D directement au sol.
Comment faut-il comprendre cette œuvre?
Il y a une limite entre le sol, et le plafond du musée. Et un espace où il y à des objets réels, lits, luminaires, mobilier, tapis, lustre, … qui sont installés. On pourrait dire que c’est une installation mais nous sommes plutôt face à ce que l’on nomme environnement. « On a l’impression d’être dans un magasin IKEA ! ». En effet, sauf que Oldenburg décrète que c’est une œuvre d’art.
Cela représente l’intimité, la vie privée, sujet auquel normalement on a pas accès. Oldenburg lui nous le montre avec du vrai mobilier. Et suggère que l’humain n’est pas loin en laissant un tiroir ouvert avec un morceau de tissu qui en sort. Le manteau et le sac à main déposé sur le fauteuil, la lumière allumée viennent confirmer que l’humain n’est pas loin mais cette humanité est dématérialisée, niée au profit de la mise en valeur des objets.
Par cette œuvre Oldenburg aura un fort impact sur les sculpteurs, il va inviter à la réflexion sur l’environnement, l’installation. Ici nous sommes plus dans l’environnement.
L’installation : ce sont des objets que l’on associe qui auront une interaction entre eux et peut-être avec le spectateur.
L’environnement: est un espace occupé par des objets qui le modifient, qui le transforment. Il peut y avoir interaction avec le spectateur.