Alexandre CALDER 1898 – 1976
Calder en 1968.
Il est né dans une famille aisée d’artistes, son père et son grand père étaient sculpteurs et sa mère artiste peintre. Il acquiert une formation d’ingénieur mais préfère l’art qu’il pratique déjà dans l’atelier paternel. Il commence par créer des jouets dont la particularité est le mouvement. Il est intéressé par le cirque.
Les Mobiles :
Calder va débuter par des mobiles qui seront nommés ainsi sur une proposition de Marcel Duchamp lors d’une exposition commune en 1932 à Paris.
Ce sont des œuvres cinétiques c’est à dire caractérisées par le mouvement. Celui-ci est produit par l’air déplacé soit par le vent, soit par le passage des spectateurs près des objets suspendus. Ces déplacements ne sont pas contrôlés, il sont dû au hasard du déplacement de l’air.
Il fera des mobiles devant un panneau où dans un cadre à distance du mur qui peuvent être compris comme des peintures qui auraient été libérées du mur.
Est-ce de la 3D où de la 2D ? C’est bien sûr une 3D puisque cela prend de la place dans l’espace. On pourrait être trompé un instant quand on est de face comme pour la prise de vue ci-dessus. Mais dans la vidéo on voit bien que c’est un volume et qu’il est mobile.
On voit aussi que, dès que les mobiles sont éclairés et proches d’une surface les ombres projetées ajoutent une dimension au mobile.
Il y aura aussi les Stabiles :
Il privilégie les courbes.
Le mobile : est un objet sculptural dont les parties sont construites pour bouger indépendamment les unes des autres et rassemblées par divers moyens en un seul objet qui est suspendu au plafond ou à un cadre. Ou bien, ces éléments mobiles sont mis en équilibre sur une structure de base à laquelle il fixe un système de mise en équilibre.
Le stabile : est un autre nom pour nommer ses sculptures. Elles rappellent les Mobiles, par les formes et leur fines épaisseurs, mais elles sont ancrées, stabilisées au sol. Ce ne sont pas des socles mais des sculptures à part entière.
Et il combinera Stabile et Mobile :
Lorsqu’il combine les deux il les met en opposition et crée un paradoxe entre mouvement et immobilité.
Pol BURY 1922 – 2005
Pol Bury est belge né à la Haine Saint-Pierre.
On est dans un autre monde. Pour créer sont art cinétique il va recourir à diverses forces.
Il utilise la force mécanique. Des moteurs vont avoir des actions spécifiques : tirer sur des ficelles qui sont accrochées dans des cylindres de bois, faire pivoter des éléments sur une tige, …
Il utilise également la force magnétique. Ce seront des aimants qui agissent sur les éléments métalliques.
Il utilise la force de l’eau. Il a fait de nombreuses fontaines où les éléments sont mus par l’eau.
S’il fallait caractériser ce mouvement on dira qu’il est contrôlé, répétitif. Dans l’art cinétique, il est important de se rendre compte que l’artiste fait le choix ou non de contrôler le mouvement de l’œuvre qu’il crée.
Bien qu’elles bougent, les sculptures de Pol Bury ne font pas ou peu de bruits. Le mouvement est lent, quasi imperceptible et si on est pas attenti.f.ve, on pourrait passer à côté sans le percevoir. Mais, une fois celui-ci repéré, on peu se laisser hypnotiser par quelques séquences.
Il utilise différents matériaux : le bois qui absorbe la lumière, le métal qui peut être poli et refléter l’espace dans la sculpture. Quand la sculpture bouge, on a la sensation que l’espace bouge également. Il y a mise en abîme de l’espace dans lequel se trouve le spectateur.
Jean TINGUELY 1925 – 1991
Né en Suisse d’un père ouvrier et d’une mère issue d’une famille d’agriculteur. A 14 ans, il tente de rejoindre en train l’Albanie pour aider les albanais contre les fascistes italiens; arrêté il sera reconduit dans sa famille. Il a du mal avec l’école et l’ambiance familiale autoritaire. Il se réfugie dans les bois où il commence déjà à construire des méta-mécaniques.
Il épousera Nicki de Saint Phalle en seconde noce et leur collaboration nourrie d’une émulation partagée seront à la base de nombreuses créations communes.
Dans cette vidéo on voit une machine à dessiner qui faisait dire à Tinguely qu’il faisait de l’art abstrait.
Il y a dans l’art de Tinguely un côté loufoque, plaisant. Les machines exposées sont commandées par des boutons poussoirs et les enfants aiment à courir de l’une à l’autre pour les mettre en marche toutes en même temps. Mais derrière ce côté ludique, Tinguely nous parle de la mécanisation et de la répétition du mouvement, de l’emprise de la machine sur l’humain et de sa dépendance à celles-ci. Ces monstres mécaniques faits de roues dentées parlent de l’abrutissement du travail, sorte de Sysiphes.
Il se dit anti art. Et à un journaliste qui s’étonnait qu’il accepte que ses œuvres soient vendues si cher alors qu’elles étaient faites d’objets de rebut, il répondait qu’il ne contrôlait pas le marché de l’Art et qu’il n’y pouvait rien ; même s’il ereconaissait en vivre confortablement.
Il a fait aussi des fontaines.
Cinétisme et constructivisme ont donné ce genre d’œuvre.
En 1969, il va construire avec d’autres artistes une œuvre de manière clandestine dans les bois entre quatre chênes centenaires.
Dans cette œuvre, les artistes co-construisent une œuvre et la volonté de Tinguely était de toucher à l’imaginaire des gens. Il a été très ami avec Yves Klein qui lui aussi cherchait à travailler sur l’immatérialité de l’imaginaire du spectateur.
Sans le constructivisme et le Merzbau de Schwitters, ce genre d’œuvre dans lesquelles on entre n’existerait pas.
En suivant le lien ci dessous vous pourrez faire une visite très détaillé de chaque œuvres composant le Cyclope.
https://archivescyclop.fr/exploration
D’un côté, le visage couvert de miroirs et une langue toboggan inspirée et créée par Nicky de Saint-Phalle, derrière une énorme machinerie de Tinguely avec des moteurs et des éléments qui circulent. D’autres éléments sont répartis sur les quatre étages et tout en haut il y ce wagon et un plan d’eau. Le bleu du ciel se reflète dans le plan d’eau pour faire hommage au bleu de Klein.
Théo JANSSEN 1948
Il a fait des études de technologie.
Les œuvres sont de Théo Janssens sont-elles de l’abstraction ?
Oui, dans le sens où c’est un travail basé sur les mathématiques, c’est très réfléchit, très scientifique. Cela ne ressemble à rien de connu.
N’y a-t-il pour autant aucune émotion ?
Il y a de l’émotion parce que cela évoque la vie du fait du mouvement.
La construction est très conceptuelle et le résultat obtenu relève de la vie qui bouge au gré du vent et cela introduit une forme de poésie.
Il a inventé un nouveau mouvement mécanique qui est à la base de la mobilité de ses « Strandbeest ». La NASA s’en est inspiré pour des véhicules d’exploration. Voir dans la vidéo ci dessous.
https://www.facebook.com/emission.fautpasrever/videos/theo-jansen-sculpteur-du-vent/577586237124136/
Pour voir des sessions il faut aller voir la rubrique News sur le site de Strandbeest:
https://www.strandbeest.com/news/beachsession-2023
LE CONSTRUCTIVISME FIN
L’œuvre majeure de Tatline est le Monument à la troisième Internationale Communiste et date de 1920.
En 1919, à Moscou, en pleine révolution bolchevique, les partis ouvriers se rassemblent et fondent la troisième Internationale Communiste qui est la suite des deux premières. Ces internationales sont des assemblées d’ouvriers qui s’unissent face à l’industrialisation montante des pays européens. La première voit le jour à Londres en 1864, la seconde en 1889 à Paris à l’initiative de Marx et Engels. Et la troisième à Moscou en 1919, c’est le moment où les bolchéviques à tendance ouvrière et les russes blancs à tendance aristocratique se séparent pour de bon. Les dirigeants de cette Internationale lancent un concours que Tatline remporte.
Quelle sont les lignes de forces ?
La spirale et l’oblique, avec un mouvement qui va vers le haut. On perçoit à l’intérieur de la structure : le cube, le cône et le cylindre.
Cette commande devait devenir l’emblème de la 3eme Internationale Communiste et être construite enjambant la Neva. Haute de 420 mètres, son axe était pointé vers l’étoile polaire. Constituée d’une double hélice, elle devait accueillir dans sa structure un cube qui tournerait sur lui même en un an et serait la salle des réunions et conférences politiques, au-dessus de celui-ci un cône, qui accomplirait une rotation en un mois, il serait le lieu du pouvoir exécutif, et au plus haut un cylindre dont la rotation se ferait en un jour et serait le lieu de récolte et diffusion de l’information. Les gens y circuleraient par divers moyens mécaniques. En pleine guerre civile le projet n’a pas été construit faute de matière premières et du coût élevé de la construction.
Cependant, cette œuvre a tellement marqué les esprits qu’on en parle encore aujourd’hui.
C’était très ambitieux, voir utopiste. Et c’est encore une preuve que le constructivisme était lié à l’émergence et l’évolution d’un mouvement révolutionnaire.
La maquette sortira de l’URSS et c’est pourquoi on en a encore des traces car dès que le Constructivisme va perdre sa primauté- tout comme le Suprématisme – toutes ces œuvres vont être reléguées, cachées et parfois détruites.
« La spirale est la ligne du mouvement de l’humanité libérée. La spirale est l’expression idéale de la libération avec son pied fixé au sol, il ( le monument) s’échappe du sol et devient signe de la renonciation de l’animalité, du terrestre et des faibles ambitions »
Pounine, historien de l’art de l’époque.
On ne peut être qu’admirati.f.ve.s devant ce projet pour l’époque, il y cent ans.
Une projection sur la Neva, une vue de la maquette en atelier à l’époque,
Deux dessins du projet initial.
Le message : l’élan, aller plus haut, symbolique du changement.
INFLUENCE SUR LES PRODUCTION ARTISTIQUES ULTÉRIEURES.
Des œuvres comme le Cyclope de Tinguely et consorts sont inspirées en droite ligne de cette proposition.
Ai Weiwei
Ai Weiwei, Fountain of Light, 2007 une première proposition en référence à la tour de Tatline et une seconde Descending Light , 2007 deux propositions dont le message est assez évident.
Question :
Au moment de terminer ces chapitres sur l’abstraction, on peut quand même se poser la question suivante : où est l’humain là dedans ? Tous ces artistes voulaient se détacher de la nature et aller « plus haut, plus loin » c’est probablement un effet de l’ambiance socio historique du moment …
De fait on est fort dans le champ de la conceptualisation, de la philosophie, et l’influence socio historique et donc en effet : où sont l’humain et la nature ? Dans beaucoup de travaux contemporains ce positionnement apparait.
Question :
Est-ce que l’intérêt n’est pas porté sur le gigantisme et donc comment faire tenir un « truc » comme ça ?
Le gigantisme, Ai Weiwei travaille dans l’installation et pour faire passer son message il travaille plutôt dans la grande taille mais ce n’est pas dans l’idée de faire le plus grand « truc » possible.
Pour revenir au Cyclope c’est une immense installation qui rempli l’espace où il est placé, entre quatre chênes qu’ils n’ont pas voulu couper. C’est une œuvre qui illustre les paradoxes de l’être humain avec d’une part le wagon hommage aux déportés et le grand bac d’eau qui reflète le ciel et est un hommage à Yves Klein et à son bleu. Il y’a aussi, un hommage à Eiffel. L’une des œuvres est la Molécule RU-486 un agrandissement x9 de molécule chimique. C’est un hommage de Tinguely au professeur Etienne-Emile Baulieu, inventeur de La Molécule RU-486 qui est la pilule abortive.
Question :
Tatline ne s’est-il pas inspiré de la Tour de Babel ?
C’est une possibilité, c’est un épisode biblique connu qui a inspiré nombres d’artistes.
Et dans le Desing
CANANZI- SEMPRINI
Canapé Tatlin de Mario Cananzi et Roberto Semprini pour Edra, Italie 1990. Le modèle en bois est au Musée Pompidou à Paris.
« C’est une pièce qui démontre bien que l’œuvre de Tatline continue à hanter l’inconscient des artistes.
Les deux designers disent d’ailleurs : » Elle exprime l’idée d’unité du peuple, de cause commune, d’aspiration, l’idée de mouvement – développement. C’est une image d’action énergique, d’expression matérielle et de formation énergique. Il est lié à la Tour de Babel en contrastant le symbole de la vanité des actes de l’humanité avec son insolence et ses approches constructives »